Il n’est pas rare, dans la vie d’un éditeur SaaS, qu’un prospect souhaite tester la solution avant de s’engager.
Rien d’anormal : pour convaincre un client, surtout un grand compte, une phase de démonstration ou de test est souvent indispensable.
Le problème survient lorsque ce test est réalisé sans aucun contrat.
Ce scénario, qui peut sembler anodin, expose pourtant l’éditeur à des risques juridiques importants. Ces risques sont d’autant plus élevés lorsque le test dépasse la simple démonstration pour impliquer un déploiement réel, en conditions de production.
Sans contrat, l’éditeur SaaS est dépourvu de filet de sécurité. Trois points sont particulièrement problématiques :
En l’absence de clauses limitatives, la responsabilité de l’éditeur peut être engagée sans plafond. Si un dysfonctionnement survient pendant la phase de test – interruption de service, perte de données, faille de sécurité – il n’existe aucun mécanisme contractuel pour limiter le montant des dommages et intérêts potentiels.
Si le test implique le traitement de données personnelles, l’article 28 du RGPD impose un contrat écrit de sous-traitance des données entre le client et l’éditeur. Sans DPA, les deux parties se trouvent en situation de non-conformité, ce qui peut entraîner des sanctions de la CNIL ou d’une autre autorité de contrôle.
Sans contrat, l’utilisation du logiciel par le prospect n’est soumise à aucune licence. Cela signifie que les droits d’usage ne sont pas encadrés : pas de limitation sur les utilisateurs, sur la durée, ni sur le périmètre fonctionnel. En cas de litige, l’éditeur se retrouvera en difficulté pour démontrer un usage abusif.
Un test sans contrat ne pose pas seulement un problème juridique : il peut aussi désorganiser la relation commerciale.
Par exemple :
Dans un contexte B2B, ces situations peuvent rapidement compromettre la relation avec un prospect pourtant prometteur.
Heureusement, il existe plusieurs solutions pour sécuriser une phase de test, tout en préservant la souplesse commerciale nécessaire pour conclure la vente.
Le Proof of Concept (POC) est un contrat dédié à la phase de test. Il précise :
L’avantage : un cadre clair et spécifique qui protège les deux parties.
L’inconvénient : il faut négocier et signer un contrat supplémentaire, ce qui peut rallonger le processus commercial.
Cette option consiste à signer directement le contrat SaaS définitif, mais avec une clause de résiliation pour convenance, valable pendant une période initiale (30, 60 ou 90 jours, par exemple).
Si le client n’est pas convaincu, il peut mettre fin au contrat sans pénalité.
Avantage : un seul contrat à négocier, ce qui accélère la phase de closing.
Inconvénient : le client peut ne pas être prêt à conclure le contrat immédiatement.
Pour les éditeurs qui disposent d’une offre en ligne avec inscription directe, il est possible de prévoir une période d’essai (7, 14 ou 30 jours) intégrée au parcours client.
Dans ce cas, l’acceptation des CGV et d’un DPA est intégrée au processus d’inscription, ce qui sécurise automatiquement la phase de test.
C’est l’option la plus rapide mais aussi la moins sécurisée :
Cette solution réduit considérablement le risque juridique, mais ne permet pas toujours au client de valider la solution dans des conditions proches du réel.
Quelle que soit l’option retenue, certaines clauses doivent impérativement figurer dans le contrat. J'ai traité ce sujet dans cet article: https://www.pacaud-avocat.fr/blog/poc-saas-contrat-specifique
Le défi pour un éditeur SaaS est double :
La clé est donc d’adapter la solution contractuelle au contexte :
Utiliser des CGV inadaptées au modèle SaaS (self-service ou signé) est risqué. Découvrez comment choisir le bon format de CGV pour votre SaaS.
Pourquoi choisir un NDA bilatéral en SaaS ? Protégez vos informations sensibles, gagnez du temps, et établissez une relation commerciale équilibrée dès le départ.
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