Le Service Level Agreement (SLA), ou accord de niveau de service, est un élément central des contrats SaaS. Il définit clairement les niveaux de service attendus (disponibilité, délais de réponse et de résolution, etc.) et prévoit souvent des pénalités en cas de non-respect de ces engagements. Mais ces pénalités génèrent régulièrement des incompréhensions, notamment sur leur portée et leur relation avec d'autres mécanismes d'indemnisation.

Qu’est-ce que le SLA couvre exactement ?

Le SLA comprend habituellement des garanties très précises sur :

  • Le taux de disponibilité : généralement exprimé en pourcentage mensuel (typiquement de 99 à 99,99 %).
  • Les délais de correction des anomalies : délai maximal pour résoudre les incidents techniques.
  • Les temps de reprise d’activité (Recovery Point Objective / Recovery Time Objective, RPO/RTO) : durée maximale de restauration du service après un incident majeur.
  • Les conditions de disponibilité et les délais de réponse du support technique.
  • Les fenêtres de maintenance : dates, heures et durée durant lesquelles le service peut être interrompu pour maintenance.

La pénalité du SLA : une réparation limitée

Les pénalités prévues dans le SLA sanctionnent spécifiquement le non-respect des niveaux de service convenus. Elles prennent habituellement la forme d'un avoir ou d'une remise appliquée sur la facture suivante.

En pratique, elles couvrent des situations anticipées, telles qu’une indisponibilité temporaire ou un retard modéré dans la correction d’un problème. Toutefois, ces pénalités sont limitées à ces préjudices standard et prévisibles. Elles ne sont généralement pas conçues pour indemniser les préjudices spécifiques plus graves (par exemple : pertes commerciales importantes, atteinte à la réputation du client).

Pourquoi existe-t-il une confusion autour des pénalités du SLA ?

Cette confusion découle de la nature même des pénalités SLA. Les juristes moins familiers des contrats SaaS pensent parfois que ces pénalités remplacent toute autre indemnisation. Or, cela n’est pas systématique.

La question centrale est donc : les pénalités SLA sont-elles libératoires ou non ?

  • Le point de vue du client : le client préfère généralement que les pénalités SLA soient non libératoires. Ainsi, s’il subit un dommage plus important que celui prévu par le SLA, il souhaite conserver la possibilité de demander une indemnisation complémentaire.
  • Le point de vue de l’éditeur SaaS : à l'inverse, l'éditeur cherche souvent à considérer ces pénalités comme libératoires, c'est-à-dire comme la seule réparation possible en cas de non-respect des niveaux de service convenus.

Quels risques en l’absence de clarté contractuelle ?

Si le contrat est ambigu sur ce point, les situations conflictuelles apparaîtront nécessairement en cas d'incident majeur. Le client pourra se sentir lésé par une indemnisation limitée, tandis que l'éditeur se trouvera exposé à un risque juridique accru. La friction peut être forte, nuire à la relation commerciale et générer des coûts juridiques importants.

Mon conseil : soyez explicite dans le contrat

Pour éviter ces conflits, il est essentiel de clarifier précisément ce point dès la négociation du contrat :

  • Précisez explicitement dans le contrat si les pénalités SLA sont libératoires ou non.
  • Définissez clairement les conditions spécifiques sous lesquelles une indemnisation complémentaire peut être demandée (par exemple, en cas d’incident majeur affectant gravement les activités du client).
  • Si possible, déterminez des cas précis où l’indemnisation complémentaire pourra intervenir, notamment lorsque le préjudice subi dépasse nettement le cadre prévu par le SLA.

Cette démarche rassure le client tout en protégeant les intérêts économiques de l’éditeur SaaS. Elle permet d’avoir une base claire en cas d’incident, ce qui facilitera grandement les échanges ultérieurs.

En conclusion : anticipez pour sécuriser la relation

Un SLA bien rédigé est un levier précieux pour sécuriser la relation commerciale. Les pénalités du SLA et l’indemnisation complémentaire doivent être vues comme complémentaires, et non exclusives, sauf stipulation explicite contraire. En anticipant précisément ce sujet dès la rédaction du contrat, vous assurez à la fois la clarté juridique et la fluidité de vos échanges en cas de difficultés.

En tant qu’avocat intervenant régulièrement auprès des éditeurs SaaS, je vous accompagne dans la rédaction et la négociation de ces clauses. Si vous souhaitez sécuriser vos contrats SaaS et éviter les frictions inutiles, je suis à votre disposition pour vous conseiller et rédiger des clauses équilibrées et adaptées à votre activité.

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